En 2012, j’ai eu rendez-vous avec la Chine. A l’aube de mes 23 ans je suis partie seule, en plein mois de janvier, moi qui n’étais une aventurière que dans les livres. J’étais fascinée par toutes les contradictions et paradoxes qu’incarnait ce pays, c’était donc un beau défi !
Lorsque je suis rentrée de ces 2 mois d’immersion, beaucoup m’ont demandé si j’avais aimé mon expérience en Chine et je répondais alors un conventionnel « oui » me sentant coupable d’exprimer ce que je ressentais réellement. La vérité c’est que s’interférait en moi un mélange contradictoire de fascination et de répulsion.
La raison de mon voyage était assez singulière ; j’y allais pour réaliser une étude de terrain en vue de la rédaction de mon mémoire de recherche (sur l’ancienne concession française de Tianjin). Aussi ma démarche n’était donc pas à l’instar d’un touriste de sélectionner les meilleurs spots, visites, etc contraint par une durée de séjour limitée , mais de comprendre, analyser puis synthétiser tout ce qui se présentait à moi, le beau et le pas beau (avec un biais culturel évident), le visible et l’invisible, l’ostensible et le caché. Ce que je n’avais pas pris en compte, c’est le temps de digestion de ces informations. Forte de 3 ans d’études sur la Chine et d’une curiosité inébranlable, j’estimais en savoir assez pour ne pas être trop dépaysée et m’atteler tout de suite à la tâche.
Comme vous le pressentez, ce ne fut pas le cas, alors que j’avais pourtant atterri dans la mégapole la plus occidentalisée de Chine, Shanghai. Moi qui voulais malgré tout, tout embrasser, ce que j’aimais et n’aimais pas, il a été longtemps difficile de reconnaître que je ne le pouvais pas. J’ai d’ailleurs appris seulement par la suite qu’il n’était pas très bon d’être très sentimental avec son objet d’étude. Non pas parce que l’on fait un moins bon travail mais parce qu’on le rend deux fois plus difficile. Merci Saskia Cousin
Je me suis sentie comme une plante verte rempotée de force dans un nouveau terreau, comme un jeune enfant explorant le monde supervisé par un oeil bienveillant.
Et je vais vous en raconter quelques bribes. (La suite demain)